The Smiths « The Queen is Dead »

834541b5b3008ed1bad57485bb115259-500x500x1Les Smiths ont survolé les années 80 avec une discrétion telle qu’on en oublierait presque à quel point leur production musicale était hallucinante de qualité et, osons le mot, de génie. Cinq ans d’existence et une discographie irréprochable dont l’influence est immense, ont fait du groupe anglais un véritable mythe vivant. Tous les albums des Smiths sont des purs joyaux, chacun à sa façon, mais s’il faut en choisir un, sous la menace d’un pistolet, c’est The Queen Is Dead qui sortirait spontanément de ma bouche. Bien sûr. L’album le plus léché, le plus mélodiquement abouti, celui dont la beauté est la plus évidente, scintillante. L’album du consensus.

La mélancolie légèrement alcoolisé d’un soir de déprime, où tout ce qu’on est s’entremêle avec ce qu’on aurait aimé être, où tout ce qu’on a raté se mesure à l’aune de ce dont on rêve.. C’est la voix de Morrissey qui m’évoque tout cela, quand je l’entends susurrer, crooner, et s’épancher sur ses petites douleurs de grand gamin dépressif. Ses lyrics de dandy so english me rappellent toujours que la tristesse et l’introspection n’empêchent pas la dérision et l’humour mordant.

Mais Moz, la voix et le personnage, n’est qu’une partie du monument. Johnny Marr et sa guitare magique sont le vrai tour de force de cet album. Des arrangements et des mélodies simples, accessibles, parfaitement calibrés, toujours justes, toujours dans le bon ton. Jamais peu jamais trop. Les notes coulent, les accords s’enchaînent comme une mathématique abstraite. Là est le génie de cet album, son évidence lumineuse. La section rythmique des Smiths (Andy Rourke et Mike Joyce) assure un boulot en béton armé. Subtilité et vigueur sont les maître-mots.

Je le redis encore : des Smiths, il faut tout écouter ! Mais puisqu’on m’a mis un pistolet sur la tempe..